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Noter l'insaisissable

Je sais qui tu es, mais si je te définis, tu disparais.

Tel que la chorégraphe Caroline Carlson le suggère, le mouvement est amnésique, incapable de durer dans le temps. Il se dissipe

aussitôt que le corps lui ait donné forme dans l’espace. Les émotions, les intentions, l’énergie libérée, tous s’évanouissent une fois extériorisés.

Ainsi, garder une trace en notant ce mouvement est nécessaire.

Des enjeux

Noter le mouvement relève d’un processus complexe qui mobilise différents outils.

Chacun à leur façon, ils cherchent à atteindre trois objectifs :

1

Savoir ce qui est fait ; par exemple, la danseuse lève la jambe, le menton levé et les bras le long du corps.

2

Comprendre la manière dont il est exécuté ; par exemple, le mouvement est relativement lent et constant.

3

Déceler ce qu’il cherche à transmettre ;

par exemple, l’enchaînement traduit un déplacement enthousiaste.

Une notation par le signe

Dans ce sens, précis et objectif, le signe codifie le corps.


Sous la forme d’un alphabet abstrait, il révèle un véritable langage permettant l’extériorisation d’un geste intellectualisé. La transcription constitue alors un objet technique, complémentaire au mouvement initial.

Elle reflète la création d’une œuvre de manière fidèle et détaillée.


De plus, ce processus modulaire offre une grande marge de liberté d’expression, voire d’interprétation. En d’autres termes, noter entretient une mémoire propice à la transmission tout en favorisant l’évolution de la gestuelle corporelle. On notera d’ailleurs que la notation du mouvement s’emploie bien au-delà de l’univers chorégraphique.

En ce qui concerne le système de notation Benesh, les signes prennent

place au sein d’une partition, proportionnée selon l’échelle du corps. On y décèle alors un rapprochement évident avec l’écriture musicale ainsi

qu’avec les partitions liées aux œuvres expérimentales. Par exemple, on

peut citer Earle Brown avec la composition musicale 4 Systems.


L’effet visuel est indéniable, il attise la curiosité, séduit. Car, au-delà de se comporter comme un outil de technique pure, ces deux types de notation révèlent un univers graphique fascinant. Il n’est alors pas dénué de sens, de percevoir le résultat d’une transcription comme une œuvre plastique qui se suffit à elle-même

Une notation par l'image

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D’autre part, accessible et personnelle, l’image copie le corps.


Photographier fixe une posture à un moment précis. En multipliant ces positions, on retrouve alors la fluidité du geste exécuté par le danseur en question. De ce fait, la vidéo constitue un outil massivement utilisé. Étant lui aussi autonome suite à l’enregistrement, il amène à repenser l’aspect éphémère des enchaînements, c’est-à-dire leur relation au temps.

Par exemple, cette réflexion prend la forme d’échos lors de la photographie Violin et durant la chorégraphie Choros. Ils sont d’ailleurs tous deux inspirés de la chronophotographie basée sur cette idée de multiplication des prises reconstituant le geste.


Ainsi modifiées, ce ne sont plus de simples copies du mouvement, mais de véritables œuvres indépendantes.

Une notation par le nombre

Enfin, immédiat et détaillé, le nombre duplique le corps.


Sous la forme d’un langage mathématique, le nombre permet d'enregistrer une action, dansée ou non, en temps réel pour, ensuite, obtenir la représentation 3D de ce dernier.

Le processus de motion capture s'effectue en collectant l’ensemble des coordonnées spatiales transmises par des capteurs positionnés sur le corps.

 

La disposition, le rythme et la dynamique des gestes sont ainsi entièrement retranscrits via un nuage de points mobiles.

La notation par le nombre allie la subjectivité du corps à la précision des données extraites, elle capte l’impulsion vitale du geste. Par conséquent, la disparition de l’enveloppe corporelle n’empêche pas d’identifier la personne ayant servi de support, au contraire, seul le mouvement est sa signature.

 

C’est notamment ce que recherche le laboratoire Lartech avec une collection  qui capte, analyse et décortique les formes d’expressions individuelles afin de contribuer à développer la singularité du mouvement. 

 

Par ailleurs, la motion capture ne consiste pas à traduire les mouvements du corps en soi. Elle retranscrit plutôt le mouvement par rapport à son espace environnant. Ainsi, le mouvement et l’espace ne font plus qu’un.

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Notations et Interactions

Dorénavant la notation ne s'applique plus seulement à fixer le mouvement, elle se comporte comme un véritable outil pour la création.


Ces trois types de notations sont complémentaires. Ensemble, elles ouvrent de nouvelles manières d’envisager l’expression du mouvement. Car en se mélangeant, la transcription matérialise les formes que le corps dessine dans l’espace, jusqu’ici invisibles.

De ce fait, elles accentuent certaines caractéristiques du geste, attirent le regard et stimulent l’imagination.

Divers créateurs, affiliés à la danse, ou non, s’emparent du sujet et le développent suivant l’appropriation qu’ils font des outils de représentation à leur disposition. Ils enrichissent ainsi les discours autour de l’expression du mouvement et des enjeux liés à la notation de ce dernier. 


C’est pourquoi ils sont aussi le prétexte d’un raisonnement approfondi au sein du mémoire, Noter l’insaisissable.

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